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6 mars 2023 1 06 /03 /mars /2023 16:11

   Le lundi 6 mars,

Toute représentation ou reproduction même partielle de ces chapitres constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du code de la propriété industrielle.

Evidemment, Les opinions exprimées dans ce livre sont très éloignées de celles de l'auteur, elles reflètent la tendance actuelle, affichées (avec véhémence) par une partie croissante du public, la populace comme l'appelle Zoreck. Public déboussolé, qui ne sait plus à quel politique se vouer. Alors il se tourne vers celui qui braille le plus fort ce qu'il veut entendre.

Des idées toutes faites voient le jour, des solutions simplistes résolvent tous les problèmes de la société. Les sondages d'opinions rythment la vie du pays pour le plus grand plaisir des petits génies de l'informatique dont les algorithmes nous mettent dans de petites cases.  

 

chapitre v (suite)

 La belle vie.

Alain attendait en bas de l’immeuble du onze rue Paul Bert au volant d’un utilitaire Mercédès noir. Zoreck qui avait appelé de Fressinet dès huit heures du matin, sortit de l’immeuble une valise à la main qu’il chargea à l’arrière. Il s’installa à côté du chauffeur auquel il demanda de démarrer. La concierge se tenait sur le trottoir les deux mains sur les hanches lorsque le véhicule s’ébranla.

— Un déménagement à la cloche de bois ! ironisa Alain.

Zoreck ne répondit pas. Sa vie d’errance se résumait au contenu de cette valise. Il tournait la page. Ce n’était pas une revanche sur les revers qui avaient parsemé son existence jusque-là mais une opportunité dont il n’avait jamais douté qu’elle se présenterait. Alain pouvait ricaner,  il en avait cure. Dans peu de temps il apprendra à connaître qui est le vrai Zoreck. En attendant il fallait jouer profil bas, comme l’écrivent les journalistes. Cette expression l’avait toujours fait sourire. Profil bas, c’était comme le chien qui revient la queue entre les jambes. Ce n’était pas son cas.

Le Mercédès s’immobilisa devant le dix-huit de l’avenue de Breteuil. L’immeuble en pierre blanche de Bourgogne étincelait sous le soleil matinal. Alain descendit, claqua violemment la portière, attrapa la valise, se dirigea vers la porte en chêne massif du porche qu’il ouvrit avec une clé du trousseau qu’il portait à la ceinture de son jean. Zoreck suivait. L’ascenseur les mena au quatrième étage. Il y avait trois portes sur le palier couvert d’une épaisse moquette rouge sombre. Alain introduisit une autre clé dans la serrure de l’appartement situé à gauche. Un flot de lumière jaillit lorsqu’il poussa la porte.

— J’ai averti le concierge pour qu’il ouvre les fenêtres. Ça n’a pas été occupé depuis un bout de temps.

Il posa la valise à l’entrée du salon, dégagea deux clés de son trousseau qu’il tendit à Zoreck.

— Monsieur de Fressinet vous appellera en début d’après-midi.

Il sortit sans autre formalité.

Zoreck regarda autour de lui d’un air distrait. Il arracha les housses blanches qui recouvraient les meubles, jeta un regard sur le jardin de Breteuil où des mômes jouaient autour du bassin. Referma la fenêtre et se dirigea vers la chambre. Un lit recouvert d’une courtepointe vert foncé était coincé entre deux chevets en merisier style Louis Philippe. Face au lit, trois portes coulissantes recouvertes de miroirs cachaient un dressing qu’il ouvrit pour suspendre son costume et y poser deux chemises. Un bureau du même style était accolé sous la fenêtre, qu’il ferma, sur laquelle il posa son ordinateur. Puis il se déshabilla et se dirigea vers la salle de bain attenante pour prendre une douche chaude. Il resta un long moment sous le jet d’eau brulant avec le sentiment qu’il n’avait plus connu ce plaisir depuis son enfance à l’orphelinat. Ceint d’une serviette immaculée, qu’il prit sur un  meuble en chêne cérusé, il fit face au lavabo double surmonté d’un triptyque. Le reflet que lui renvoya le miroir le terrifia. Il n’avait que la peau sur les os, les côtes saillantes, les épaules tombantes, les joues flasques, un nez proéminent, les oreilles en choux fleur.  Le tableau était digne d’une caricature de Daumier. Seuls ses yeux noirs, en constant mouvement, avaient l’étincelle de la foi qui brûlait en lui.   Il peigna ses cheveux en tentant de masquer la calvitie qui gagnait. Dépité, il alla s’allongé sur le lit dont il prit soin d’ôter la courtepointe. Les yeux rivés au plafond il tenta de rassembler les événements qui étaient venus bousculer sa vie ces derniers jours afin d’y déceler la faille qui l’avait menée dans le cénacle de Guillaume de Fressinet. Car bien qu’il ne doutât pas qu’il était voué à une destinée hors du commun, il ne croyait ni en Dieu ni au hasard.

La sonnerie de son portable le tira d’un sommeil serein, comme il n’en avait plus connu depuis une éternité. Avant l’orphelinat.

Alain attendait en bas de l’immeuble, nonchalamment adossé à une SLC noire rutilante, une cigarette entre les doigts. Il éjecta le mégot d’une pichenette, s’assit derrière le volant. Zoreck eut la furtive et furieuse envie de s’assoir à l’arrière, il prit place à côté du chauffeur. Ce sera pour plus tard.

Le véhicule s’engagea dans la circulation intense du boulevard Montparnasse pour accéder rue de Sèvres à quelques centaines de mètres d’Arnys, le tailleur des ténors du monde politique, qui devait sa célébrité, dont il se serait bien passé, au scandale Fillon.

— On vous attend, lança Alain en désignant la boutique, dès que vous en aurez terminé appelez-moi.

Il lui communiqua son numéro et démarra, laissant Zoreck décontenancé sur le trottoir. Un vendeur se précipita, s’enquit de son identité, lui demanda de le suivre à l’intérieur. Le responsable de la boutique l’installa sur une chaise, lui proposa un café et s’excusa pour l’attente, le tailleur était occupé avec un client dans une cabine.

Deux heures plus tard, après la prise des mesures, les choix des tissus et la coupe des costumes, Zoreck ressortit une paire de Berlutti, qu’il avait tenu à garder, aux pieds, abandonnant ses mocassins éculés au magasin.

Il appela Alain qui ne mit que quelques secondes pour apparaître au volant de la Mercédès. Le véhicule se glissa avenue de Suffren, traversa le pont d’Iéna pour rejoindre l’avenue Kléber, puis le boulevard de Courcelles. Alain, conduisait avec une dextérité impressionnante, tout en douceur. Il  immobilisa le véhicule devant un immeuble haussmannien du boulevard, siège du mensuel Nouvelles Valeurs.

— Vous demanderez Yves de Kérouel.     

Le hall du mensuel était tout en boiserie, miroirs et plantes vertes géantes. Une jeune femme protégée par une vitre, se tenait derrière un comptoir. Zoreck n’eut pas le loisir de se présenter qu’un homme, descendu en trombe des marches de l’escalier monumental qui mène à l’étage, s’avança vers lui  main tendue.

— Yves de Kérouel, ravi de faire votre connaissance.

L’homme d’allure sportive, le teint bronzé, la mâchoire carrée ne pouvait renier ses origines bretonnes. Il posa une main sur son épaule qui invitait à l’accompagner comme s’ils étaient de vieux amis ravis de se retrouver. Les fenêtres du bureau d’Yves de Kérouel donnaient sur un petit jardin auquel il jeta un regard avant de s’assoir derrière son bureau et d’inviter Zoreck à prendre place face à lui dans un confortable Chesterfield en cuir vert foncé.   

— Vous connaissez la raison de votre présence ici ?

— Monsieur de Fressinet m’en a touché deux mots, sans autres précisions. Je suppose qu’il vous en laissait l’initiative.

— En effet, nous vous proposons d’occuper la fonction d’assistant de direction. Évidemment il s’agit d’un emploi fictif, donc puni par la loi. Néanmoins, si vous désirez accéder à de hautes responsabilités au sein de l’état je ne peux que vous conseiller de  vous familiariser avec le monde de l’économie afin d’éviter de dire des absurdités comme celles que nous avons entendues lors de ce fameux débat.

Zoreck acquiesça d’un signe de tête en souriant. Il voyait très bien à quel évènement de Kérouel faisait allusion.

— Votre bureau, reprit-il se trouve à côté du mien, je suis là pour vous aider à atteindre notre objectif commun, n’hésitez pas à solliciter mon aide.

Ah ! J’oubliais, votre salaire mensuel sera de trois mille Euros brut. Afin d’éviter toute tracasserie administrative je vous conseille de venir régulièrement faire acte de présence à votre bureau, même si vous n’avez rien à y faire. La lecture de notre revue est très instructive !

De Kérouel se redressa, afin de signifier que l’entretien était terminé. Il serra chaleureusement la main de Zoreck et le mis entre les mains de son assistante afin de régler les questions administratives liées à l’embauche de ce collaborateur, très particulier.

Cependant, il tenait à assister  au départ de Zoreck, les deux mains posées sur la balustrade en chêne,  il suivit du regard la descente de l’escalier monumental de ce curieux personnage en se demandant quelle mouche avait piqué de Fressinet.   

 

Chapitre VI

Yves de Kérouel.

Le Baron Yves de Kérouel dirigeait la revue Nouvelles Valeurs depuis cinq ans. La société, une SAS au capital de cinq-cent-soixante-seize mille Euros avait été entièrement financée par  Gilbert Cadoret, ami d’enfance d’Yves de Kérouel.

Ils avaient fréquenté la même école religieuse à Morlaix, Saint-Joseph. De Kérouel, issu d’une  famille noble, réputée et pauvre de la région avait pris Cadoret sous sa protection. Celui-ci était le fils ainé d’une famille de petits industriels, dont les affaires étaient florissantes. Cet échange de bons procédés avait permis à Cadoret d’échapper aux turpitudes de l’enseignement austère des moines de l’institut.

Cadoret “ était monté à Paris” pour suivre des études commerciales, tandis que de Kérouel était resté dans sa Bretagne natale. Il s’était essayé à la politique au sein du parti Démocrate-Chrétien de Christine Boutin. Il Récolta cinq pour cent des suffrages lors des élections législatives de mille-neuf-cent soixante-dix-huit, score dérisoire, qui mit un terme définitif à son éphémère incursion en politique.

Marié à une femme de même extraction que lui, mais sans fortune, qui lui avait donné deux enfants, il vivait du maigre revenu que lui rapportaient deux fermes mises en fermage. Cependant il ne dédaignait pas parcourir à cheval sa propriété dont la surface se réduisait chaque année comme peau de chagrin. Les finances de la famille de Kérouel périclitaient dans des proportions abyssales, au point de sombrer dans la faillite personnelle et le déshonneur. Il consentit  à prendre un poste de contremaître dans l’usine Cadoret.

L’humiliation de se retrouver au milieu d’ouvriers dont les parents avaient servi les de Kérouel pendant plusieurs générations, était d’autant plus grande que les cadres de l’usine ne manquaient pas de lui rappeler la splendeur passée des de Kérouel, et le sanctionner au moindre faux pas.

C’est à cette période douloureuse qu’il entreprit de se confronter à la littérature. Durant des nuits entières il élabora une saga inspirée des péripéties chevaleresques de ses aïeux aux quatorze et quinzième siècle, ceci au détriment de la qualité de son activité professionnelle.

Malgré la bienveillance de la famille Cadoret, il fut licencié après avoir été retrouvé endormi sur un banc, dans les vestiaires de l’usine,  par un ouvrier qui se fit un plaisir de le dénoncer à son supérieur.

Le roman-fleuve retraçant les aventures des aïeux d’Yves de Kérouel se vendit à quatre-vingt-cinq exemplaires.

S’en suivi une longue période de dépression durant laquelle il pensa se suicider. Durant  cet épisode douloureux il ne se passa pas une journée sans qu’un huissier ne déambulât dans les couloirs sombres du manoir familial pour y dénicher ce qu’il restait encore à dénicher, rien qui ne représentât une valeur quelconque, cependant il lui semblait que les hommes de loi prenaient un certain plaisir à divaguer dans les corridors et les salles vides du manoir, si bien qu’il trouvât à la longue leur compagnie réconfortante.  

La Baronne Anémone de Kérouel demanda le divorce, qu’elle obtint, ainsi que la garde des enfants,  retourna vivre dans la demeure familiale.

Il vendit le manoir, en tira juste le nécessaire pour se rendre à Paris et séjourner quelques jours dans un hôtel minable situé à proximité de la gare Montparnasse.

Lorsqu’il appela Gilbert Cadoret, qui était parfaitement au courant de son infortune, ce fut pour lui révéler qu’il avait une idée mais qu’il lui manquait l’argent nécessaire pour la réaliser. Cadoret s’attendait au pire. Cependant à sa grande surprise l’idée de son ami lui parut  des plus intéressantes. Cadoret avait déjà investi dans les médias en prenant quarante pour cent des parts du capital  de la société mère de la chaîne payante TV IV et surtout une chaîne d’info en continu. L’avenir de l’information. L’idée de créer un magazine politico-financier le séduisit immédiatement. Il flaira instantanément le parti qu’il pouvait en tirer auprès des dirigeants d’entreprises et des financiers.

Il nomma son ami Président de la SAS en prenant soin de le chapeauter par deux experts financiers débauchés d’un cabinet réputé.  

A suivre...

   

 

  

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3 février 2023 5 03 /02 /février /2023 22:28

Vendredi 3 février 2022

Colère.

Après un chef d'Oeuvre : Au revoir la haut, la suite avec la saga de la famille Méricourt  : Couleur de l'incendie, puis moins bon mais dans la même veine Miroir de nos peines, venaient chez Calmann-Lévy : Le grand monde (la famille Pelletier) et l'opus en photo ci-dessus que je qualifierais "d'alimentaire" un roman qui est indigne de l'auteur d' "Au revoir là-haut"

Je m'étonnais de voir Pierre Lemaître courir sur tous les plateaux  télé pour défendre son opus, comme un homme atterré par le forfait qu'il vient de commettre. Son plaidoyer ressemblait à de plates excuses, je ne comprenais pas jusqu'au moment où le livre entre les mains je découvrais les raisons de cette ubiquité médiatique : C'est mauvais, indigne de moi mais je dois vendre ! 

La vie d'écrivain est cruelle, je suis bien placé pour le savoir.

Ci-dessous la dédicace à une amie très chère que j'offre à mes lecteurs, lesquels seront moins nombreux, à n'en pas douter , que ceux de Lemaitre, mais j'écris pour mon plaisir et celui de mes lecteurs sans aucune arrière pensée prosaïque.

www.editionsnitescence.com 

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29 décembre 2022 4 29 /12 /décembre /2022 10:44

29 décembre 2022

dernier article d'une année Horrible.

LE BAL DES SALAUDS

titre de mon prochain roman

Je me contenterai d'une galerie de portraits pour le moment (non exhaustive)

 

 

 

 

 

Ce n'est pas ma faute ! Je suis né comme ça !

 

 

Bientôt chez votre libraire 

Visitez le site des éditions Nitescence  :

www.editionsnitescence.com

Avertissement : 

Toute représentation ou reproduction même partielle de ces chapitres constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du code de la propriété industrielle.

Evidemment, Les opinions exprimées dans ce livre sont très éloignées de celles de l'auteur, elles reflètent la tendance actuelle, affichées (avec véhémence) par une partie croissante du public, la populace comme l'appelle Zoreck. Public déboussolé, qui ne sait plus à quel politique se vouer. Alors il se tourne vers celui qui braille le plus fort ce qu'il veut entendre.

Des idées toutes faites voient le jour, des solutions simplistes résolvent tous les problèmes de la société. Les sondages d'opinions rythment la vie du pays pour le plus grand plaisir des petits génies de l'informatique dont les algorithmes nous mettent dans de petites cases.  

 

Chapitre 1

1. Éric Zoreck

Accoudé au zinc du café de la mairie du onzième arrondissement de Paris, Éric Zoreck haranguait la dizaine de consommateurs présents, depuis une dizaine de minutes. Son discours était invariablement le même : Quand il sera Président il chassera la racaille du sol français. Les juifs, les musulmans, les tziganes. Il rétablira l’ordre, interdira les prénoms qui ne font pas référence à la religion catholique, fermera les mosquées, les synagogues… Les poivrots l’écoutaient en hochant la tête, l’air convaincu, n’attendant qu’une nouvelle tournée en retour de leur attention, si ce n’était leur approbation. Mais que ne feraient-ils pas pour un ballon de gros rouge.

S’enhardissant, Zoreck prit place au milieu de la salle. Vêtu d’un imperméable couleur mastic qui lui descendait jusqu’aux genoux dont il avait relevé le col. Il avait une tête en lame de couteau, les oreilles légèrement décollées. Des sourcils en broussaille  dominaient des petits yeux  inquiets d’un homme traqué. Le cheveu rare plaqué par de la gomina, peigné avec une raie sur le côté. Il faisait penser à un gros rat, debout sur ses pattes arrière.   

Dans le fond de la salle, deux hommes assis à une table écoutaient son discours xénophobe  tout en hochant la tête, comme s’ils approuvaient. Malgré l’abus de boisson Zoreck conservait une élocution claire. Les mains enfoncées dans la ceinture de son imperméable, il  martelait les mots, et, de temps à autre  ponctuait son discours en frappant du poing le comptoir, ce qui avait pour effet de réveiller un public dont l’attention avait tendance à se relâcher.

Á la fin de la diatribe, Zoreck toisait son auditoire, comme s’il attendait des vivats, qui n’arrivaient pas. Invariablement, les consommateurs déçus que la tournée annoncée n’arrivât pas se détournaient, reprenaient leurs conversations alcoolisées. Zoreck n’en paraissait pas affecté. Soudain, provenant du fond de la salle, des applaudissements retentirent, provocant la stupéfaction de la clientèle et la jubilation de l’orateur, tout de même un rien déconcerté. 

Zoreck mit sa main en visière, scruta le fond de la salle, s’approcha de la table des deux individus, avec le sentiment qu’il avait sans doute à faire à des gens qui se payaient sa tête, il en avait l’habitude. Le plus âgé se redressa, lui tendit la main et se présenta « Guillaume de Fressinet ». Il  l’invita à s’assoir et présenta son ami, Alain. Celui-ci fit un bref signe de tête.

— Vous  voulez prendre un verre ?

— Un blanc sec.

Autant qu’il pouvait en juger, de Fressinet était un homme de grande taille, les cheveux poivre et sel, les yeux bleus gris, un nez aquilin, des lèvres fines qui s’étiraient en un sourire bienveillant que démentait un regard glacial, incisif, qui déstabilisa, un temps, Zoreck. Il portait une veste en tweed havane ornée d’une pochette blanche sur une chemise immaculée barrée d’une cravate bleu marine sur laquelle on distinguait de minuscules fleurs de lys dorées. Le dénommé Alain avait le crâne rasé ainsi que les sourcils, des yeux noirs, une bouche dédaigneuse aux lèvres épaisses. Il portait un blouson usé sur de larges épaules, un jean délavé. Il émanait de sa personne une puissance destructrice. Le contraste avec Guillaume de Fressinet était saisissant.

— Vous perdez votre temps à essayer de convaincre ces pochtrons. Ils n’attendent qu’une chose, que vous leur offriez un verre.

— Je sais, mais pour moi c’est comme une séance d’entraînement, qu’ils écoutent ou non m’importe peu.

— Vous m’intéressez. Ça vous dirait de rencontrer des personnes qui, eux, seront à votre écoute ?

Zoreck lissa ses mains moites sur son pantalon en toile bon marché.

— Pourquoi pas !

Fressinet sorti une carte blanche de son portefeuille qu’il tendit à Zoreck. Elle portait le logo suggestif d’un bar de nuit et une adresse dans le dix-septième arrondissement. Le garçon arriva, posa le verre de blanc devant Zoreck. De Fressinet se leva imité par son compagnon, paya les trois verres.

— Alors, à ce soir vingt-deux heures si vous le voulez bien.

Zoreck regarda les deux hommes sortir du bistro. Il ne savait trop à quoi s’en tenir. Il avala son verre d’un trait, examina la bande de poivrots dont les vociférations concernaient le dernier match de football du PSG. Il se redressa en grimaçant. Il avait pris sa décision. Il irait à ce rendez-vous. Ça ne pouvait pas être pire qu’ici.

Il emprunta la rue Richard Lenoir, non sans avoir jeté auparavant un regard haineux à la plaque de la place de la mairie. Léon Blum. C’était toujours avec la même amertume qu’il retournait à son domicile, une petite chambre mansardée au cinquième étage d’un immeuble situé au onze rue Paul Bert.

Durant le court trajet il s’inquiéta de ce qu’il allait revêtir pour se présenter devant les amis de Monsieur de Fressinet. Le bar était certainement un endroit chic et sa garde-robe se résumait au pantalon qu’il portait actuellement, un pullover, cet imperméable qui lui permettait de cacher sa misère et un costume gris qu’il avait acheté il y a quelques années pour le mariage de sa sœur. Il était pendu dans l’armoire Ikea sous une housse plastique. Il pria pour que les mites l’aient épargné. Il baissa la tête, l’unique paire de chaussures qu’il possédait n’avait pas connu le cirage depuis des mois.

Erick Zoreck vivait du RSA, et avait trois mois de loyer de retard. Sans formation, il prenait, entre deux périodes de chômage, quelques petits boulots, sans conviction, si bien que ses employeurs le remerciaient dès la période d’essai terminée.

Zoreck avait deux atouts, sa grande gueule et une certaine culture qu’il devait à la lecture d’auteurs divers et variés comme Gobineau, Faurisson, Rebatet, Garaudy, Soral…l’académie de la haine.

Il monta les cinq étages en pestant après la concierge antillaise qui enduisait les marches d’une cire qui lui donnait mal à la tête. Dès qu’il pénétra dans la mansarde, il se précipita vers l’armoire, sortit le costume de sa house et l’examina sous toutes les coutures. Il respira, un coup de fer à repasser lui redonnera, le pensait-il, l’aspect du neuf. Côté chemise, il allait devoir dépenser quelques Euros chez Célio.

Restait à préparer son intervention devant les amis de Monsieur de Fressinet. C’était peut-être le moment le plus important de sa vie. Il ne devait pas le rater. Il ne pouvait reprendre les sempiternels boniments dont il abreuvait les pochtrons du café de la Mairie. L’immigration et les quartiers incontrôlés des cités, les trafics, étaient des thèmes porteurs pour un homme qui aspirait aux plus hautes fonctions de l’état. La surenchère à laquelle se livraient les prétendants de droite sur ce terrain en était la preuve. Mais lui allait plus loin, pas question de référendum, mais des décrets afin de passer outre les palabres stériles à l’Assemblée et au Sénat.

Il ouvrit le portable qui trônait sur la table sur laquelle il prenait ses repas et faisait également office de bureau. Il commença à taper rageusement les grandes lignes de son allocution. Car c’est par son ardeur oratoire qu’il envisageait conquérir son auditoire et réaliser son entrée au sein de ce qu’il pensait être, l’élite de la population française.

Il ne fallait pas faire trop long afin de ne pas lasser l’assistance, être concis, précis et direct. Les têtes de paragraphes élaborées en gras, police vingt, étaient déclinés crescendo dans la rhétorique fasciste, il faisait confiance au don d’improvisation, qu’indéniablement il possédait.

Il imprima, relut, plia les feuilles en quatre et les fourra dans la poche de sa veste.

 

Chapitre II

 

2. Le Chat noir

Zoreck consulta le plan de Paris, la rue Troyon se trouvait à quelques pas de la place de l’Étoile. Il détestait de Gaulle, avait rayé son nom sur le plan. Outre avoir abandonné l’Algérie, il le tenait pour responsable de l’invasion magrébine des années soixante. Le regroupement familial avait eu pour effet de créer les poudrières qu’étaient devenues les banlieues. Le ‘‘grand remplacement” sujet récurrent chez les théoriciens de  l’extrême droite était son domaine de prédilection. Il pouvait en parler, preuves à l’appui, pendant des heures, mais avec une divergence de taille.  Pour Zoreck tout homme de conviction était manichéen, il n’y avait de place pour la nuance que chez les faibles. Il marcha jusqu’à la place de la Bastille où il prit le métro. C’était direct. Il prit l’avenue de Wagram, la rue Troyon était tout de suite à gauche. Il apercevait l’enseigne en fer forgé du bar de nuit au milieu de la rue. Il était juste à l’heure. Un dernier regard sur la vitrine d’un magasin, pour ajuster sa cravate et il s’élança jusqu’à la porte du Chat noir qu’il poussa d’un geste brusque. Il pénétra dans une salle plongée dans la pénombre, dans laquelle un barman essuyait des verres derrière un comptoir en zinc. Celui-ci le dévisagea un instant, et lui indiqua d’un mouvement du pouce que ça se passait au sous-sol.

— Votre portable ! S’il vous plait.

Il prit l’appareil, le glissa dans un tiroir.

L’escalier faiblement éclairé était au fond du bar. Il descendit prudemment en se tenant à la rampe en cuivre. Arrivé à mi-hauteur il entendit clairement des éclats de voix et des rires. Il déboucha dans une salle où se trouvaient une vingtaine de personnes, assises autour de tables ronde, sur lesquelles trônait, pour la plupart, une bouteille de champagne dans un seau en métal argenté.

Un silence pesant s’installa lorsqu’il fit son apparition. Tous les visages, la majorité hostiles, étaient tournés vers lui, au point qu’il eut un mouvement de recul.  

Guillaume de Fressinet quitta la chaise qu’il occupait, et louvoyant entre les tables s’approcha d’Erick Zoreck qu’il prit par l’épaule pour le présenter à l’assistance composée uniquement d’hommes. Il portait un costume d’alpaga noir, sur une chemise à jabot orné d’un nœud papillon en soie blanche. Son élégance contrastait avec le misérable costume de son protégé.

— Voilà la personne dont je vous ai parlé et m’a semblé digne de notre intérêt, tant le discours que j’ai eu l’occasion d’entendre va dans le sens de nos convictions. Mais je lui laisse la parole afin qu’il se présente lui-même.

Zoreck était pris au dépourvu, il avait tellement peu de choses à dire sur lui, qu’il fut pris d’une panique irrépressible. Les visages peu amènes, tournés dans sa direction le terrorisaient.

De Fressinet vint à son secours en lui tendant une coupe de champagne. Retrouvant ses esprits, Zoreck la leva au-dessus de sa tête.

— Je vous remercie pour l’accueil que vous me réservez, et comme vous avez pu vous en apercevoir m’a profondément ému. 

Je m’appelle Èrick Zoreck, j’ai trente ans, je suis né à Paris de parents français. Hélas décédés.

De Fressinet respirait. Il l’interrompit en avertissant  qu’Erick reprendrait la parole, dans un moment après le spectacle. Des projecteurs inondèrent d’une lumière crue la scène qui était occultée par de lourds rideaux rouge.

Une musique wagnérienne retentie. Aussitôt une dizaine de jeunes femmes, revêtues d’uniformes noirs entamèrent un ballet rythmé par les staccato de la chevauchée des Walkyries. Á chaque passage endiablé au-devant de la scène, elles jetaient  une partie de leur uniforme vers les spectateurs qui se battaient pour la conserver. En quelques minutes, leur corps sculptural fut totalement dénudé. Une dernière révérence saluée par une salve d’applaudissement retentit jusqu’au moment où les projeteurs s’éteignirent, plongeant la scène dans l’obscurité. La lumière tamisée revint dans la salle, révélant des visages congestionnés. Zoreck restait pétrifié.

Un sourire sur les lèvres, la haute stature de Fressinet se dressa au-dessus des tables.

— J’espère que vous avez appréciez ce spectacle magnifique ! Maintenant je vous demande de réserver le meilleur accueil à notre ami Eric Zoreck.

Il fit un geste en direction de la scène dont les spots dispensaient un faisceau doré en son centre.

Il n’avait plus d’autre alternative que se diriger vers le disque incandescent qui l’engloutirait à jamais ou le mènerait  par des chemins étroits vers des sommets. Les vers d’Hugo s’étaient insinués dans son esprit  subrepticement.

Il courut plus qu’il ne marcha vers le centre de la scène, salua d’une courbette l’assistance et oubliant l’ébauche du discours qu’il avait préparé, entama d’une voix forte les premières phrases d’un discours offensif sur les migrants.

« On nous dit que c’est faire preuve d’humanité que d’accueillir ces pauvres bougres pourchassés dans leur pays ou affamés à cause du réchauffement climatique. Mais que font- ils pour affronter ces périls ? Rien, ils comptent sur l’impéritie de nos dirigeants et la compassion des ONG financés par nos impôts… » 

Des applaudissements timides, générés par de Fressinet et quelques amis proches interrompirent le discours. La majorité de l’assistance ne voyait qu’un pauvre bougre mal fagoté émettant des propos qu’ils avaient entendus maintes et maintes fois.

Cependant encouragé par cette timide claque, l’orateur s’enhardit, ses gestes amples rythmaient des mots qu’il accompagnait de coups de poing sec de sa main droite contre sa main gauche. La  voix prenait de la puissance devenait plus gutturale. L’attention de l’auditoire augmentait petit à petit.

«…Après nous avoir chassé de leur pays où nous avons apporté le progrès, l’électricité, le chemin de fer,

l’éducation…Ils prennent les emplois de nos concitoyens, abusent de nos avantages sociaux, agressent nos femmes et nos enfants.»

Une salve d’applaudissement interrompit à nouveau l’orateur devenu tribun dont la gestuelle frôlait l’hystérie.

« …Nos soldats meurent en Afrique pour défendre leur liberté, apporter notre culture, et quel est le remerciement ? Ils nos conspuent comme si nous étions des envahisseurs… »

Cette fois se sont des vivats qui retentirent, les convives qui avaient abandonné leur chaise, se pressaient au plus près de la scène et acclamaient frénétiquement un Eric Zoreck, enivré par le triomphe. Le discours couvert par les acclamations devenait inaudible. Mais qu’importe, la partie était gagnée.

Dans le fond de la salle, Guillaume de Fressinet, entouré de fidèles, savourait. Il eut la confirmation que l’homme qu’il avait entendu dans ce bistrot minable était bien la personne en phase avec ses projets. Il allait transformer ce petit bonhomme, en arme de guerre.

Zoreck n’en finissait plus de serrer des mains et répondre aux félicitations. Il était devenu en l’espace d’un moment une star.

Il fendit la foule de ses admirateurs, pour se diriger vers de Fressinet qui l’attendait une coupe à la main.

— Vous devez avoir soif !

Zoreck prit la coupe, la vida d’un trait.

— Félicitation, reprit-il vous avez électrisé l’atmosphère, vous avez un véritable don. Je ne m’étais pas trompé.

Les spectateurs partaient en petits groupes, comme à regret. En passant à proximité de Zoreck chacun montrait son admiration, en levant le pouce ou en joignant les deux mains au-dessus de la tête comme après un championnat de boxe.

De Fressinet l’entraina à l’écart.

— Etes-vous disponible demain matin ?

Zoreck, marqua un temps d’arrêt.

— Oui

— Vous pourriez passer à mon domicile vers neuf heures ?

— Bien sûr.

De Fressinet lui tendit sa carte. 

— Á demain !

Il s’éloigna suivi par ses amis, le dénommé Alain fermait la marche. Avant d’emprunter l’escalier, il tourna la tête dans sa direction. Il avait la même expression maussade sur le visage que lors de leur première rencontre dans le bistrot du onzième.

Après avoir récupérer son portable, Zoreck émergea sur le trottoir comme au sortir d’un rêve. Il marcha jusqu’à la place de l’Etoile où machinalement il fit signe à un taxi en maraude. Sa vie allait changer, il en avait la certitude. Arrivé dans sa mansarde, il relut la carte de visite imprimée en lettres rondes :

Guillaume de Fressinet.

Onze avenue de Suffren

75007 Paris

Ni numéro de téléphone. Ni adresse mail. Un blason en bas à droite évoquait l’emblème de La Grande Loge de France.      

Chapitre III

3. Guillaume de Fressinet.

Eric Zoreck avait tenté, une bonne partie de la nuit, d’en savoir un peu plus sur le personnage. Mais ses recherches s’étaient avérées vaines. Rien sur les réseaux sociaux, ni sur Wikipédia. Un nom une adresse sur le bottin mondain faisait état d’un château sur la commune de Ménouville dans le Val d’Oise. Un mystère.

Il arriva quelques minutes avant neuf heures devant l’immeuble cossu situé avenue de Suffren. Une femme balayait le trottoir devant l’entrée. Elle le regarda s’approcher comme s’il s’agissait d’un clochard. « Deuxième étage » lui répondit-elle. Elle le prit en filature jusqu’au palier et attendit que le domestique  lui cédât le passage avant de reprendre sa tâche.

De Fressinet se trouvait dans un des salons de la triple réception assis à une table en acajou sur laquelle gisaient les restes d’un petit déjeuner. Il se leva dès que Zoreck, qu’il appela par son prénom, franchit la porte. Au bout de l’immense pièce, de Fressinet paraissait minuscule. Il invita son hôte à s’assoir face à lui sur un cabriolet Louis Philippe près d’une baie vitrée donnant sur la tour Eiffel et le pont d’Iéna. La vue était époustouflante.

— Un café, une viennoiserie ou autre chose ?

— Juste un café, répondit-il en regardant la boiserie du plafond qui se trouvait, calcula-t-il, à quatre mètre de hauteur.

Á ce moment Alain entra dans la pièce et alla s’assoir discrètement sur une méridienne placée entre deux bibliothèques monumentales.

Le domestique servit le café turc dans une tasse en porcelaine.

— Comme vous l’avez constaté lors de la soirée d’hier, commença-t-il, nous sommes un groupe d’amis qui désirent redonner à notre patrie la place qu’elle devrait avoir dans le concert mondial. Seulement mes amis et moi occupons des postes ou des fonctions qui ne nous permettent pas de nous exhiber sur le devant de la scène. C’est pour cette raison que j’ai fait appel à vous, afin qu’en quelque sorte, vous deveniez notre porte-parole.

Zoreck resta muet de saisissement. Ce que lui proposait son interlocuteur dépassait encore ses espoirs les plus fous.

— J’en serais honoré balbutia-t-il, mais comment voyez- vous ça ?

— Tout d’abord en tirant un trait sur votre vie actuelle. En quittant la mansarde dans laquelle vous vivez, en transformant votre apparence et votre hygiène de vie.

 — Mais…

— Je suis au courant de votre dénuement actuel. Nous allons changer tout cela. Si vous n’y voyez pas d’inconvénients, bien sûr.

— Aucun.

— Je possède un petit appartement meublé à quelques pas d’ici, avenue de Breteuil. Si vous le désirez, vous pourrez l’occuper.

Zoreck restait sans voix, il avait le cœur qui battait si fort qu’il se rencogna dans son siège  par crainte que son interlocuteur l’entendît.

— Evidemment il vous faut un emploi qui soit en phase avec le rôle que vous allez occuper. J’ai un ami qui dirige une revue économique réputée qui recherche un bras-droit, quelqu’un de confiance…Je suis certain que vous ferez l’affaire.

Bien, j’ai beaucoup de travail. Réfléchissez à tout cela. Appelez-moi demain si vous êtes partant, Alain vous conduira à votre nouvelle demeure.

De Fressinet sortit un portable de la poche de sa veste d’intérieure et communiqua le numéro à Zoreck qui s’y repris à trois fois pour l’enregistrer, ses mains tremblaient.

Alain le précéda jusqu’à la porte d’entrée qu’il ouvrit.

« Á demain ! » dit-il, un sourire narquois sur les lèvres.

C’était la première fois que Zoreck entendait le son de sa voix.

Chapitre IV

4. Alain

Sur les registres de l’état civil de la ville d’Etampes, Alain portait le nom de Phalempin, un patronyme qu’il exécrait.

Il avait été placé par le Juge des enfants dans une famille d’accueil à la suite du décès de sa mère, tabassée à mort par son mari Joseph Phalempin,  qui  avait été condamné à  dix ans de réclusion.

Le Juge avait demandé que l’éloignement de la famille paternelle soit conséquent par crainte de représailles sur l’enfant. Le grand-père paternel considérait qu’il était responsable de l’incarcération de son fils.

Il était âgé de douze ans lorsqu’il fut placé au sein de la famille Bouchard agriculteur dans la Creuse à La Souterraine. Les Bouchard accueillaient deux autres enfants, ce qui leur rapportait un revenu complémentaire leur permettant tout juste de survivre. La soupe de légumes du jardin et une tranche de pain noir constituait l’essentiel des repas. Il n’avait jamais été accepté par les deux autres garçons plus âgée, qui le maltraitaient sans que le père Bouchard n’y trouve à redire. Á l’école c’était pire, il était le fils d’un meurtrier, l’évocation de son nom suscitait les moqueries, voire les injures et les coups. Constatant l’état lamentable de l’enfant au cours d’une de ses rares visites, l’assistante sociale avait exigé son placement dans une autre famille. Il atterrit en Haute Savoie à Evian chez un couple d’enseignants. Le changement d’existence fut radical, le couple Matringe qui n’avait pu avoir d’enfant, le considérait comme leur

fils. Il reçut une éducation solide passa le baccalauréat à dix-sept ans. S’inscrit à l’université de Grenoble afin de devenir professeur de philosophie.

Un soir, revenant de l’entrainement de rugby il se trouva face à un homme hirsute, vêtu comme un clochard devant le portail de la maison familiale qu’il reconnut instantanément. Son père se tenait devant lui, un sourire édenté sur les lèvres. Le ton s’envenima rapidement, des coups furent échangés, Alain, qui était un sportif accompli, le cueillit d’un uppercut au menton, Joseph Phalempin s’effondra comme un pantin, dans sa chute sa tête heurta l’arête du muret d’enceinte de la villa. Il décéda sur le coup. La vie d’Alain venait à nouveau de basculer.

Alertés par les cris de Joseph, ses parents n’eurent le temps que de constater le drame. Hébété Alain regardait le sang s’écouler lentement en une petite rigole vers le caniveau. Bernard Matringe ne perdit pas son sang-froid, il remonta l’allée de la villa jusqu’au garage, sortit la Golf.

— Monte ! ordonna-t-il à son fils.

Le véhicule pris la direction du sud. Á cinq heures du matin la Golf pénétra dans la cour du premier régiment de la légion étrangère d’Aubagne. Le Lieutenant-Colonel Pernetti attendait dans son bureau. Il étreignit Bernard Matringe, serra la main d’Alain. Le Lieutenant-Colonel savait tout du drame.

Il s’adressa directement à Alain.

— Tu n’as pas d’autre solution si tu veux éviter la prison. Tu t’engages, tu changes de nom et je t’envoie directement à Calvi au deuxième REP chez les parachutistes. Au bout de trois ans tout le monde aura oublié, et si ce n’est pas le cas je te recommanderai à un ami qui fera en sorte que tout le monde oublie !

Alain regarda celui qu’il considérait comme son père, des larmes glissaient le long de ses joues. Il fit un signe d’assentiment à son fils, le Lieutenant-Colonel sortit un dossier du tiroir de son bureau. Á six heures trente le légionnaire Alain Lormont était affecté pour une période de trois ans au deuxième REP de Calvi.

Trois ans plus tard Alain Lormont habillé en civil rencontrait Guillaume de Fressinet à l’aéroport d’Orly.   

A suivre...   

    

 

 

   

      

 

 

 

 

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6 décembre 2022 2 06 /12 /décembre /2022 10:58

Le 6 décembre 2022

 

Franc Tireur est un hebdomadaire libre sur lequel l'on peut lire d'excellents articles de Caroline Fourest, Raphaël Enthoven, Decouty...

C'est un hebdo qui lutte contre tous les obscurantismes, le complotisme, les extrémistes de tous bords et justement un article a attiré mon regard "aiguisé" sur ceci :

 

Lorsqu'il s'agit de défendre Poutine R.N. (ex Front National) et L.F.I. (Mélenchon) marchent main dans la main jusqu'à refuser de voter au Parlement européen un texte qualifiant la Russie "d'Etat promoteur du terrorisme"

Pour rappel La Russie se fournit en armes auprès de l'Iran (drones) et la Corée du Nord  (obus)

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14 octobre 2022 5 14 /10 /octobre /2022 15:29

14 octobre 2022

Une centaine de grévistes, tous à des postes clés dans les raffineries,  et des millions de réservoirs à sec.

Cependant, je ne crois pas aux coïncidences, car j'ai écouté attentivement le discours de Poutine à Saint Pétersbourg en ce début de semaine dont le thème majeur était l'Energie. 

Poutine décrivait avec une justesse déconcertante les affres d'une pénurie de gaz et de pétrole en Europe et ses conséquences néfastes pour les usagers européens. La fautes en revenant aux dirigeants occidentaux et leur politique de sanctions contre la Russie. Il décrivait avec un réalisme stupéfiant les troubles qui pouvaient résulter de l'inflation dans des pays où les cortèges contestataires prospèrent plus vite que la petite vérole. Notons au passage que l'inflation russe dépasse les 15 %. L'on sait ce qu'il advient de la contestation en Russie.   

L'oracle de Moscou, à l'image de celui de Delphes, aurait donc présagé de la pénurie à venir en France et  ses conséquences fâcheuses pour l'économie de notre pays, à moins que....Non !

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19 septembre 2022 1 19 /09 /septembre /2022 15:35

Sortie le 30 septembre  2022 Les Crazy  mastah : A commander d'urgence chez votre libraire ou

www.editionsnitescence.com

 

 

 

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16 septembre 2022 5 16 /09 /septembre /2022 11:14

16 septembre 2022

 

Evgueni Prigojine : Surnommé le cuisinier de Poutine, car il vendait des hots dogs à Saint Petersburg a fait plusieurs années de prison pour racket, vol et proxénétisme avant de devenir le patron de Wagner.
Mali : à Nia Ouro, les hommes de Wagner « ont arraché les pagnes des femmes et les ont violées »

Trois jours après l’arrivée de l’armée malienne et de mercenaires de la société russe dans ce village du centre du Mali, plusieurs habitants les accusent de viols et d’agressions sexuelles. Jeune Afrique a recueilli ces témoignages.

 

Wagner : comment les mercenaires de Poutine recrutent dans les prisons de Russie

Engagé dans plusieurs pays d’Afrique et mis à mal par la guerre en Ukraine, à laquelle il prend part aux côtés des militaires russes, le groupe Wagner s’est lancé dans une campagne intensive de recrutement. Evgueni Prigojine, son financier, est en première ligne.

Des voix s'élèvent en France contre les sanctions, contre l'aide militaire à l'Ukraine, Mélenchon au cours d'une interview proclamait  : "Mais qui peut croire que l'Ukraine peut gagner ? Personne !"

La fille Le Pen est sur le même registre elle trouve les sanctions inefficaces (Le PIB de la Russie a baissé de 6 points)

La Russie a alloué 300 millions d'Euros aux partis populistes en Europe :

Le parti d'extrème droite suédois (ex nazi) est dans la coalition arrivée en tête des élections.

En Italie l'extrème droite est favorite du scrutin du 29 septembre prochain Georgia Méloni son égérie, admiratrice de Benito Mussolini, pourrait prendre la tête du gouvernement.

La fille Le Pen attend son heure...

LES COLLABOS

 

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24 août 2022 3 24 /08 /août /2022 09:56

Le patron d'Editis (une quarantaine de maison d'édition) a eu les yeux plus gros que le ventre. Outre Editis il voulait mettre la main sur Hachette livre après l'OPA sur le groupe Lagardère. 

Mais la commission Européenne veillait et l'affaire ne se fera pas pour un problème de concurrence évident. Qu'a cela ne tienne le patron de Vivendi qui a déjà mis Canal + au pas, obnubilé par le chiffre d'affaires des deux entités n'hésite pas une seconde.

En effet Editis c'est environ 1 milliard de C.A.

Hachette livres c'est plus de 5 milliards de chiffre d'affaires, des maison prestigieuses comme Grasset ou Lattès le livre de poche...

Il n'y a pas à hésiter notre marchand de culture vend Editis pour reprendre Hachette. Les maisons d'Editions ! Quelles maisons d'éditions ?

Dans quelques heures je vous conterais comment le prédateur entend étaler son idéologie ultra conservatrice sur notre beau pays...un peu comme l'on étale de la confiture sauf que cette confiture là est plutôt amère. Il fallait pour cela un hebdomadaire populaire. Cela tombait bien car dans le groupe Lagardère il y a PARIS MATCH.

Le rédac. chef n'est pas d'accord avec la ligne éditoriale : VIRÉ, c'est ainsi que Bruno Jeudi se retrouvât à Pôle emploi. La raison : Un article sur le sulfureux Cardinal SARAH  (numéro du 7 au 12 juillet) dont je vous livre en exclusivité les propos tenu lors d'un discours à Rome : 

 Les idéologies occidentales de l’homosexualité et de l’avortement et le fanatisme islamique sont aujourd’hui ce qu’étaient le nazisme, le fascisme et le communisme au XXe siècle », affirme-t-il.

Edifiant ! 

Cardinal Robert SARAH

A suivre...

 

 

 

 

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15 juillet 2022 5 15 /07 /juillet /2022 09:38

15 juillet 2022

OUATTARRA, BEDIE, GBAGBO

Je reçois chaque jour la "news letter" de Jeune Afrique, magazine que je portais aux nues il y a encore quelques temps. Force est de constater que  cette lettre (puisqu'il s'agit d'un magazine francophone) est devenue une boite à ragots où les derniers commérages n'ont rien à envier à nos journaux "people"

 

Jugez plutôt : Quelques titres éloquents d'articles de JEUNE AFRIQUE

Côte d’Ivoire : Ouattara, Bédié, Gbagbo… Comment la rencontre se prépare : Il s'agit des trois derniers Présidents de la côte d'Ivoire. Le titre de l'article aurait pu être :

Plutôt que se faire la guerre partageons nous le gateau : La France ne peut rien nous refuser !

Bénin : proche de Patrice Talon, Joseph Djogbénou rêve-t-il d’un retour en politique ?  Ah !

Ouganda : dix choses à savoir sur Muhoozi Kainerugaba, fils – et dauphin ? – de Yoweri Museveni : ???? Je brule de les connaître.

Cameroun : la guerre des clans s’invite à l’inauguration d’un centre commercial : Pays dont le Président Paul Biya (89 ans) est à la tête du pays depuis...1982... Qui va emporter le jackpot ?

Soudan du Sud : Ce pays issu de la scission avec le Soudan de Béchir (accusé de crime contre l'humanité) a vu deux hommes s'affronter dans une guerre civile atroce pour la conquête du  pouvoir :Salva Kir et Rick Machar,  puis quand ces deux voyous constatèrent qu'aucun des deux ne prendrait le dessus ils décidèrent de se partager ce qu'il restait du gateau : L'un est Président et l'autre vice Président. 

 Burkina Faso : ce qu’a fait Blaise Compaoré loin des caméras -  Président de 1987 à 2014 accusé et condamné pour l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara (en passe d'être réhabilité) Mais qu'a t'il fait ??? C'est insoutenable !

RDC-Rwanda : ce qu’il faut retenir de la rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame : Rien ! 

Le lieutenant colonel Paul-Henri Sandaogo Damida

Le Burkina Faso : dans le viseur de Wagner (Poutine)

Après la Centrafrique, la Guinée Conakry et le Mali, la société militaire privée russe avance ses pions au pays des hommes intègres. Et a fait de cet État déstabilisé par un putsch et la violence jihadiste l’une de ses nouvelles cibles prioritaires.

 

Le beau jeune homme au visage poupin sur la photo ci-dessus est le chef de la junte qui a pris le pouvoir au Burkina. D'emblée cet homme inspire une confiance indéniable. Posture conquérante, prestance de chef d'Etat, démarche décidée... Corpulence digne de ses confrères au pouvoir...faciès éveillé...

C'est la totalité de l'Afrique de l'ouest laquelle, déstabilisée, est dans le viseur de Poutine. En cause des régimes corrompus à bout de souffle, Le Gabon (famille Bongo au pouvoir depuis 1958) la côte  d'Ivoire (voir plus haut) et le Sénégal ou les dirigeants de l'opposition sont systématiquement brimés voire emprisonnés.

Wagner fait des émules
Mamadi Doumbaya et sa clique - Guinée Conakry

     

 Wagner fait des émules ! Pas dans la musique mais dans le bruit de bottes !

 

 

 

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 13:33

le 08 Juillet 2022

L’enfer était au bout du voyage 

Début du 20ème siècle le Maroc est en proie à des guerres tribales incessantes et au début de la colonisation.

Après l'assassinat de ses parents, Mohamed Hadjar quitte son village et est rejoint par un compagnon de route qui ne le quittera plus. Ils traversent le Maroc d’ouest en est, au cours d’un voyage parsemé de péripéties, souvent tragiques, pour rejoindre l’Algérie où ils espèrent trouver du travail.

Après avoir vécu à Alger la blanche, ils sont embauchés sur une grande exploitation agricole appartenant à un colon suisse. La Trappe. Tout se passe bien jusqu’à un incident majeur où Mohamed est accusé de viol.

Victimes d’une rafle à Alger ils seront incorporés de force dans l’armée française et envoyés au front dans les tranchées (c’est la guerre de 14-18)

Ils s’en sortent miraculeusement, Mohamed restera en France et assumera la paternité de son ami, celui-ci retournera, on le suppose, dans son pays.

 

C’est un roman qui interroge, sur l’immigration, la colonisation, le racisme, la barbarie de la guerre et l’exploitation des soldats africains durant la première guerre mondiale.  Malgré tout, l’auteur a tenté d’atténuer les épisodes tragiques en soulignant  la magie des paysages et des villes traversés au cours de ce périple. 

Comment obtenir la dédicace promise : simple ! Achetez le roman chez votre libraire préféré , envoyez le (en soignant l'emballage)  à Editions Nitescence : Villa Montréal 57 ancien chemin de la Lanterne 06200 Nice.

Vous recevrez en retour GRATUITEMENT à votre adresse le roman dédicacé de ma plus belle écriture avec la dédicace de votre choix. SIMPLE !

                                                                            

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